Apprendre le violon Jazz

Cultiver la passion et la patience pour un apprentissage réussi.  

Lorsqu’on s’intéresse de près à la pratique du jazz au violon, le débutant est vite déboussolé par la faculté d’adaptation immédiate que cette discipline impose. Il est impressionné par une grande quantité de connaissances qu’il doit assimiler avant de savoir jouer convenablement. A cela peut s’ajouter la frustration de voir les autres se débrouiller mieux que lui. Cette frustration est amplifiée lorsqu’on sait que l’apprentissage de cette discipline prend beaucoup de temps tandis que nous vivons dans un monde où prime l’immédiateté des résultats.

Par ailleurs, le violon jazz (et  par extension la musique improvisée), a ceci de trompeur qu’il parait bien plus facile à en jouer à quiconque venant du classique et ayant un bon niveau de technique violonistique. Toutefois, lorsqu’on s’y initie pour la première fois , la pratique du violon jazz exige la maîtrise d’un langage musical nouveau dans tous ses aspects (placement rythmique et théorie musicale)  . L’apprentissage demande aussi au  violoniste ayant déjà une bonne maîtrise technique, une approche totalement nouvelle du violon qui peut dans certains cas remettre en question tout ce qu’il a acquis dans les écoles d’enseignement traditionnel (conservatoire notamment).

Aujourd’hui, il existe de nombreuses méthodes d’apprentissage et  d’écoles de musique qui dispensent les cours de jazz spécifiques au violon.  Les quantités d’informations disponibles dans cette discipline sont tout simplement incomparables à il y a  vingt ans. Mon objectif n’est pas de me substituer aux professeurs ni de proposer une quelconque nouvelle méthode d’apprentissage.

Une approche indirecte

Je propose ici les clés pour réussir à tous les violonistes, mais aussi aux altistes et aux violoncellistes qui sont en cours d’apprentissage du jazz . Je développe et partage avec vous les moyens concrets pour travailler la gestion de la patience qui est indispensable  à l’assimilation du langage propre au jazz et des techniques spécifiques qu’exige cette musique au violon. La patience est indispensable pour réussir en violon jazz (et c’est valable dans d’autres domaines aussi). Le plus important à mon sens, est de cultiver au quotidien un état d’esprit serein propice à l’apprentissage, plutôt que la recherche de résultats à tout prix. C’est-à-dire de travailler sur les conditions qui rendent possible la production de résultats: travail d’écoute, de chant , de rythmes et d’harmonie sans instrument sur des matériaux simples dans un premier temps.

Grâce à internet et aux réseaux sociaux, nous avons accès instantanément aux images et aux vidéos des violonistes évoluant dans les musiques actuelles et dont la performance semble largement supérieure au niveau de chacun. L’admiration du début démunie de toute prise de distance avec l’égo, peut vite déboucher à la volonté de compétition. C’est un piège dans lequel nous tombons lorsque nous sommes au stade d’apprentissage.   La logique de compétition est un gouffre sans fin qui finira par épuiser celui qui tombe dedans. Un proverbe coréen dit avec sagesse : « devant celui qui marche, il y a celui qui court. Et devant celui qui court il y a celui qui vole ».

Didier Lockwood auprès de qui j’ai eu la chance d’apprendre, aimait répéter que le violon est un instrument qui n’est pas fait pour improviser. Il disait aussi : « les gens n’ont pas idée de la difficulté d’improviser en violon ». Venant d’un grand jazzman, ses remarques  prouve qu’il avait lui aussi connu des moments de doute malgré son statut de musicien de renommée internationale.

Improviser en violon demande beaucoup de rigueur. Mais la rigueur sans patience intelligente ne donnera pas non plus de résultat mesurable. Alors prenons le temps d’analyser, d’élaborer une stratégie et de fixer ensemble un plan d’action concret. Enfin, n’oublions pas de féliciter nos petites victoires au quotidien !

Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.

”Jean de la Fontaine »